On ne sait même plus d’où est parti le mouvement. Mais en moins de vingt-quatre heures, manifestations et émeutes se sont propagées comme une traînée de poudre dans toute l’Algérie. Il y a eu Oran mercredi, Tipaza, une station balnéaire à 70 km à l’ouest d’Alger, puis le quartier de Bab el-Oued à Alger. Et, hier, les banlieues populaires de la capitale se sont embrasées une à une. Ailleurs aussi, à Boumerdes, à l’est d’Alger, en Kabylie, dans la région de Béjaïa. Des groupes de jeunes, des dizaines ou des centaines selon les quartiers, sont descendus dans les rues. Ils s’en sont pris aux commerces, ont détruit des vitrines et des magasins, ont bloqué la circulation en faisant brûler des pneus.
A Bab el-Oued, les forces antiémeute ont été mobilisées pour protéger le commissariat du quartier, encerclé par les manifestants. Mehdi tient une épicerie à deux pas de la place des Trois-Horloges, là où les violences ont débuté. «Les jeunes ont commencé à marcher, à crier dans les rues. La police a jeté des gaz lacrymogènes sur eux et a même tiré des balles à blanc. Et puis, certains jeunes en ont profité pour tout détruire. Ils ont cassé des vitrines, et ont pris de l'argent et des produits», raconte-t-il. Aucun bilan de blessés ou d'arrestations n'est disponible . Le calme semblait revenu hier à Bab el-Oued mais les forces antiémeute sont restées sur place. Mais Bachdjerrah et Hussein Dey, dans la banlieue est de la capitale, ont été le théâtre de troubles et de pillages.