Menu
Libération
Interview

«Avec Internet se développe une critique du pouvoir»

Article réservé aux abonnés
Samir Aïta, président du Cercle des économistes arabes, revient sur les raison du mal-être des jeunes :
publié le 8 janvier 2011 à 0h00

Le Syrien Samir Aïta est président du Cercle des économistes arabes. Selon lui, tant en Algérie qu’en Tunisie, le discours officiel ne peut plus masquer la réalité sociale.

La jeunesse algérienne ou tunisienne se distingue-t-elle de celle des autres pays arabes ?

Non. Comme dans la plupart des autres pays arabes, la croissance démographique est aujourd’hui en baisse. Ce qui est en hausse, c’est le nombre de jeunes qui arrivent en fin de scolarité, et qui sont sur un marché du travail atone. Ce sont des jeunes nés dans les années 70 ou 80, pendant les périodes de très forte démographie. Ce phénomène se conjugue avec celui de l’exode rural. Partout, les campagnes sont délaissées. On aspire à vivre en ville, signe de modernité, même si c’est sans avenir.

Avec quelles conséquences ?

Des villes de plus en plus grandes et des banlieues toujours plus pauvres… En Algérie, en Tunisie, ou encore au Maroc, l’habitat informel ne cesse de s’étendre. Ces zones grossissent sans générer la moindre perspective professionnelle.

Pourtant le taux de scolarisation est relativement élevé…

Mais la qualité n’est pas au rendez-vous. Ces pays, qui ont été confrontés à des déficits publics, ont, sous l’égide du FMI, appliqué des programmes qui se sont soldés par une diminution des budgets d’éducation par habitant.

L’accès aux nouvelles technologies a-t-il contribué à l’expansion de cette grogne sociale ?

Oui. L’Internet est présent dans toutes ces villes. C’est là, dans des cybercafés, chez les uns et les autres, que les jeunes parviennent à s’ouvrir sur le monde. A communiquer avec des diasporas lointaines. A voir le monde autrement. Et finalement à communiquer entre eux. Qui sait que les jeunes des pays arabes sont les champions des «proxy», ces logiciels qui permett