Le géographe Michel Foucher, directeur de la formation à l'IHEDN (1), vient de publier son ouvrage le plus personnel, la Bataille des cartes, analyse critique des visions du monde. L'illustration à partir de cartes anciennes et de cartes inédites très prospectives vient témoigner de l'aspect subjectif de la représentation géographique, véritable carte mentale.
Quel est votre premier souvenir de carte ?
Ma première carte était une représentation des Etats européens dont chaque capitale, anonyme, était dotée d’un plot en cuivre qu’il convenait de relier par un fil au nom pertinent dans la liste située sur le côté. Si la réponse était bonne, une ampoule s’allumait. Je ne connais guère, pour un enfant, de moyen mnémotechnique plus efficace pour se familiariser avec les toponymes, je passai ensuite au même jeu sur un planisphère. Cette mémoire des lieux, Etats et capitales, me donnait le sentiment de détenir un savoir précieux et propice à une compréhension du monde.
Comment devient-on géographe ?
Ces jeux cartographiques et les récits familiaux liés à la guerre m’ont appris très tôt que d’autres peuples et lieux existaient. Le voyage a précédé l’étude de la géographie classique. Besoin d’articuler le dedans et le dehors, illusion et expérience que l’on fait un voyage alors que c’est le voyage qui vous fait, pour citer Nicolas Bouvier. Et je ne cesse de circuler. Le terrain est ma matière première.
Vous dites que la carte géographique est «une image colorée du monde»…
C’est une représentation graphique intentionnelle à partir d’informations relatives au monde que l’on connaît au moment ou l’on fait la carte - une vi