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Libération
EDITORIAL

Oxygène

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publié le 8 janvier 2011 à 0h00

Si proche, si loin. Un paradoxe dit bien le drame qui se joue de part et d’autre de la Méditerranée. Jamais les liens n’ont été aussi multiples et vivants entre Français et Maghrébins, jamais les deux rives n’ont pourtant paru si distantes qu’en ces jours d’émeutes et de violence sociale. Tunisie et Algérie s’embrasent, des collégiens, des ouvriers, des avocats hurlent leur colère contre la vie chère et leur «mal-vivre» dans un huis clos verrouillé par la police ou par l’armée. Et dans l’embarras, la France se raidit, détourne son regard et balbutie deux ou trois formules aussi diplomatiques que dilatoires. Il est vrai que le grand dessein de l’Union pour la Méditerranée, lancée en grande pompe par Nicolas Sarkozy en juillet 2008, a tourné au fiasco. La «maison commune» fut victime des tensions multiples entre ses copropriétaires, surtout entre ceux du Sud d’ailleurs. Pour l’Europe comme pour la France, il est donc temps de mettre des mots sur les maux, souvent semblables, dont souffrent ces deux pays. Il est temps de dire que la menace islamiste, brandie par ces deux régimes vieillissants et sans projets, ne peut pas éternellement servir d’excuses à l’immobilisme et au verrouillage. La brutalité policière, l’impéritie des gouvernements, la corruption, le trucage des élections et la captation des richesses ne préparent rien d’autres que le désastre. Seul un processus contrôlé d’ouverture pourrait redonner un peu d’oxygène à des populations que ces régimes autoritaires ont a