Elles sont huit à témoigner, depuis quinze jours, en faveur du droit à l’avortement, en racontant leur histoire souvent douloureuse d’interventions clandestines. Femmes de lettres, de cinéma ou de télé, ces Argentines sont protégées par leur célébrité, dans un pays où l’avortement est punissable de prison ferme, tant pour le médecin qui le pratique que pour la femme qui le subit.
L'écrivaine Beatriz Sarlo déclare avoir pratiqué quatre avortements clandestins : «La première fois, j'avais 17 ans. J'ai pris la décision seule et douloureusement, personne ne m'y a obligée. Le plus sordide de la situation était la saleté du cabinet clandestin, et les billets qu'on m'a réclamés au moment de m'attacher sur le lit.» Moria Casan, ex-vedette de revue et icône flamboyante de la trash télé argentine, qui se déclare «très religieuse», a aussi subi un avortement à l'âge de 16 ans. «J'ai emprunté de l'argent à une amie pour payer la clinique clandestine. On n'en a jamais parlé à la maison, mon père ne l'a jamais su.»
Ces témoignages visent à générer un débat dans la société, alors qu'un projet de loi pour légaliser l'IVG, rédigé par deux sénatrices de centre gauche, sera présenté à la fin du mois devant le Congrès. Ce sera sans le soutien de la présidente, Cristina Kirchner, qui s'est prononcée contre le droit à l'avortement à de nombreuses reprises. Aujourd'hui, l'article 86 du code pénal argentin stipule que «l'avortement n'est pas punissable seulement s'il pr