Spécialiste de l'islam contemporain, Jean-Pierre Filiu est professeur associé à Sciences-Po, rattaché à la chaire Moyen-Orient-Méditerranée, membre du Centre d'études et de recherches internationales (Ceri) du CNRS. Il est notamment l'auteur des Neuf Vies d'Al-Qaeda (Fayard, 2009), de l'Apocalypse dans l'islam (Fayard, 2008) et des Frontières du jihad (Fayard, 2006). Il a été conseiller technique du Premier ministre Lionel Jospin pour les affaires internationales de 2000 à 2002.
Cette prise d’otages était-elle prévisible ?
Cela fait des semaines que je mets en garde contre de nouveaux enlèvements d’expatriés, préférablement français, dans la zone sahélienne. En effet, Aqmi (Al-Qaeda au Maghreb islamique) a fait passer le message à ses multiples partenaires criminels qu’elle était disposée à payer un très bon prix la capture de ressortissants français, qui lui seraient transférés dans un second temps. C’est sans doute ce qui s’est passé à Niamey, la capitale nigérienne, et les otages et leurs ravisseurs étaient, lors de l’intervention militaire, samedi, en route vers un campement d’Aqmi au Mali.
Le commanditaire de cette tragique opération est fort probablement Abdelhamid Abou Zeïd, le chef de la katiba (le bataillon) d'Aqmi pour l'est du Sahara, qui détient depuis le mois de septembre cinq otages français, un Togolais et un Malgache, là aussi kidnappés par un groupe délinquant avant d'être livrés à Aqmi.
En décembre 2008, déjà, Abou Zeïd avait supervisé l’enlèvement à proximité de Niame