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Analyse

Autour de Ben Ali, la politique du vide

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Le travail de sape exercé sur l’opposition rend toute alternative difficile.
publié le 11 janvier 2011 à 0h00

Existe-t-il une relève à Ben Ali ? La question se pose évidemment au moment où le président tunisien, qui a personnalisé le pouvoir à outrance, traverse sa plus grave crise depuis son accession au pouvoir, le 7 novembre 1987. La réponse n'est pas évidente, tant vingt-trois années de pouvoir sans partage et de répression systématique des libertés publiques ont anéanti le champ politique. «Les deux seules forces à tenir un discours clair de rupture avec le pouvoir sont le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki [lire ci-dessus, ndlr] et le Parti communiste de Tunisie (Pcot) de Hamma Hammami, explique un observateur averti. Or Marzouki est en exil, et la formation de Hammami est groupusculaire.» Ces deux partis ont d'ailleurs signé, avec le Parti démocrate progressiste (PDP) de Nejib Chebbi et les islamistes d'Ennahda, un communiqué âprement négocié appelant à un cessez-le-feu.

Minés. Toutes ces formations, aussi respectables soient-elles, sont exsangues. A commencer par les islamistes d'Ennahda, laminés par une vague massive de 30 000 arrestations au début des années 90. La plupart des ex-cadres sont sortis de prison depuis, brisés et d'une prudence absolue. Le parti, qui reste interdit, est miné par les divisions suscitées par le pouvoir. Et la plupart des manifestants ne connaissent même pas son chef légendaire, Rached Ghannouchi, qui vit en Grande-Bretagne, d'où il est en contact avec d'autres exilés, notamment en France et en Allemagne.