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Libération

La Tunisie se soulève, Ben Ali reste sourd

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Alors que les émeutes, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, se diffusent dans tout le pays, le Président ferme écoles et universités et accentue la répression.
Des manifestants tunisiens lors de heurts avec les forces de sécurité, le 10 janvier 2011 à Regueb. (© AFP Str)
publié le 11 janvier 2011 à 0h00

C'était un mouvement social, c'est devenu une Intifada. En un week-end, l'agitation qui secouait le centre de la Tunisie depuis le 17 décembre a basculé dans la pure répression d'un peuple réclamant dignité et liberté. Et non plus seulement des emplois, comme a fait mine de le croire le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui est intervenu une nouvelle fois hier à la télévision pour dénoncer les «voyous cagoulés» perpétrant des «actes terroristes impardonnables». Il a stigmatisé des «éléments hostiles à la solde de l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et au terrorisme». Le discours surréaliste d'un dictateur, livide et fatiguée, dépassé par les événements et refusant de prendre la mesure du problème, continuant de croire que quelques dinars et 300 000 emplois en deux ans pourront calmer l'exaspération de tout un peuple.

Incontrôlables. En fait, la seule véritable annonce d'importance, hier, a été la fermeture temporaire des universités et établissements scolaires, devenus des foyers de contestation incontrôlables. Désormais, Tunis, jusque-là peu touchée par les manifestations, est entrée dans la danse (lire page 4). Un étudiant aurait été blessé et huit arrêtés sur le campus Al-Manar, près de la capitale. Des marches auraient aussi été organisées sur le campus de la Manouba, dans les quartiers du Bardo, de l'Ariana, de Ben Arous. Tunis mais aussi Sfax, Sousse, Nabeul, c'est-à-dire les grandes villes côtières et touristiq