«Le séisme ? Mais c'était hier ! Regardez autour de vous, rien n'a changé.» 17 h 53, le 12 janvier 2010, Mariolaine Chérine sort indemne de l'effondrement de sa maison. Abasourdie, des heures durant, elle erre dans le champ de ruines qu'est devenue, en l'espace de trente-cinq secondes, sa ville, sa capitale, Port-au-Prince. Totalement démunie, avec ses quatre enfants, elle vit sur la pelouse du Champ-de-Mars. Une année a passé et cette femme de 43 ans n'a pas bougé de cette place qui faisait avant la fierté nationale. Aujourd'hui, la statue du Nègre marron, symbole de l'indépendance arrachée à la France par les esclaves, est noyée au milieu des bâches. Les ruines du palais présidentiel n'ont pas été déblayées. Le temps semblerait s'être arrêté ce mardi après-midi tragique, quand plus de 250 000 personnes ont péri. Mais au-delà des apparences et des enchevêtrements anarchiques de tentes, la vie a repris.
Bâches. Après les quelques nuits passées sous de simples draps, les sinistrés ont récupéré des tentes fournies par les organisations internationales. La saison des pluies les a amenés à se constituer des abris de bois et de bâches plastiques. Des rideaux sont même apparus aux fenêtres découpées dans les tôles. Un semblant de maison, de quartier, qui ne rassure pas Guy : «Le Champ-de-Mars est tout simplement un nouveau bidonville au cœur de la capitale.» Cet auxiliaire médical, qui travaille pour une ONG haïtienne, ne veut pas masquer l'éviden