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Libération
Reportage

Le régime Ben Ali réprime, la rue tunisienne continue d’y croire

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Les manifestants devaient faire face hier à un fort déploiement policier.
par José Douglas, Envoyé spécial à Tunis
publié le 12 janvier 2011 à 0h00

«Vous voyez, ça a commencé ici, à la faculté de droit.» Sahbti, 25 ans, pointe du doigt un grand bâtiment blanc désert. «On a d'abord fait le tour des cinq bâtiments, et puis on a tenté de descendre vers la grande route, c'est là que la police a commencé à charger», explique l'étudiant du campus d'El-Manar, dans le nord de la capitale tunisienne. C'est à cet endroit que lundi, pendant quelques heures, des milliers d'étudiants ont tenté de manifester en solidarité avec les victimes des émeutes, notamment celle de Kasserine, à 290 km au sud de Tunis (lire ci-contre), avant que la police ne les disperse.

«Peur». Aujourd'hui, la fac est déserte, fermée jusqu'à nouvel ordre, tout comme l'ensemble des lycées du pays. La décision a été prise par l'Etat lundi, quelques heures après ce rassemblement. Pour Sahbti, «c'est une déclaration de faillite du régime» : «Vous imaginez, il y a 400 000 étudiants en Tunisie qui ne vont pas aller en cours aujourd'hui. Ça veut dire que le régime a peur, il a tellement peur qu'il a préféré fermer toutes les universités.» C'est donc dans le centre-ville que les cyberactivistes ont appelé à manifester hier après-midi. Sans succès. Des policiers en civils ont systématiquement dispersé les groupes de plus de trois personnes. D'autres fouillaient les sacs des passants. A chaque carrefour étaient postés des dizaines de policiers antiémeute. Le siège du Parti démocrate progressiste, le principal parti d'o