Abidjan nage en plein brouillard, et pas seulement à cause de la masse de nuages poussée par les vents de l’harmattan. Le blocage reste total entre les deux présidents de Côte-d’Ivoire, un mois et demi après le second tour de la présidentielle.
Alassane Ouattara, déclaré élu selon des résultats certifiés par les Nations unies, a proposé lundi à Laurent Gbagbo d'entrer dans un gouvernement d'union nationale, à condition de renoncer à son fauteuil. Ce que le chef de l'Etat sortant, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel après annulation de 600 000 voix, a aussitôt rejeté. Il a fait savoir qu'il ne voyait dans cette offre qu'une manœuvre de «diversion», la présidence restant pour lui «non négociable».
La proposition faite par Ouattara n'a pas suscité beaucoup d'espoir à Abidjan, où elle est perçue comme une variante des pressions exercées sur Gbagbo pour qu'il quitte le pouvoir. «La vérité, c'est que Laurent Gbagbo ne s'en ira jamais de son plein gré», commentait un journaliste de Fraternité Matin, le quotidien progouvernemental.
Ce qui paraît plus encourageant pour les partisans d'Alassane Ouattara, c'est le passage à l'offensive de leur leader, qui multiplie désormais les interviews. Dans la guerre des ondes, Laurent Gbagbo, interviewé hier soir par Michel Denisot dans le Grand Journal, garde une longueur d'avance grâce aux médias d'Etat. Hier, sur la radio publique, un jeune coiffeur et militant pro-Gbagbo était longuement