«Je sors tout juste de la manifestion, j'y ai passé trois heures environ. L'avenue Bourguiba était noire de monde. Il y avait des cadres d'entreprise, des avocats, des médecins en blouse, des étudiants... Bref, c'était la population dans son ensemble, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux... et même des enfants.
(Photo DR)
C'était très pacifique au début, très bon enfant. Les manifestants brandissaient des pancartes où on pouvait lire «Du pain et de l'eau, mais pas de Ben Ali!» ou encore «Policier, réveille-toi, c'est la coiffeuse qui commande!» (la coiffeuse: surnom de l'épouse du président, Leila Trabelsi Ben Ali, ndlr).
Mais, là tout de suite, un peu après 15 heures, il y a eu un mouvement de foule au tout début de l'avenue, un peu en retrait de l'épicentre de la manifestation qui est devant le ministère de l'Intérieur... Je suis actuellement à 300 mètres de l'avenue en question, avec des jeunes manifestantes qui ont failli se faire écraser par le repli de la foule. De leur côté, les amis avec lesquels je suis posté dans un café viennent de recevoir des SMS et des Twitts, comme quoi la police aurait lancé des gaz lacrymogènes et se serait mise à tirer à balles réelles sur les manifestants.
A côté de moi, des jeunes femmes, qui sortent juste de la manifestation, m'expliquent que le quartier est bouclé, que la police frappe les manifestants à coups de crosse de fusil. Selon elles, 200 à 300 personnes se sont réfugiées dans le centre commercial Claridge sur l'avenue