Le limogeage du ministre tunisien de l’Intérieur n’a pas calmé la rue. Il aura fallu moins de deux heures après la série d’annonces faites hier par le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, pour que les premiers accrochages aient lieu à Tunis.
Il est presque 14 heures, quand, au cœur de la capitale, sur l’avenue Habib Bourguiba, les passants se mettent à courir la main sur le nez ; des gaz lacrymogènes viennent d’être tirés. Au bout de l’avenue, plusieurs centaines de policiers anti-émeute repoussent l’arrivée d’un cortège de centaines de jeunes, scandant des slogans hostiles au président Ben Ali. Les policiers en tenue et en civil bouclent la zone, priant passants et journalistes de faire demi-tour. Trente minutes plus tard, la manifestation est dispersée. Pourtant, à la mi-journée, le chef du gouvernement avait, pour la première fois depuis le début de la crise il y a plus de trois semaines, annoncé des mesures d’apaisement : libération de toutes les personnes arrêtées pendant les émeutes ; renvoi du ministre de l’Intérieur, Rafik Belhaj Kacem ; ouverture d’une enquête sur des affaires de corruption présumées. Le pouvoir reconnaît enfin qu’il a pu commettre des erreurs, et que la crise qui agite le pays n’est plus seulement sociale mais aussi politique.
Trois à cinq morts.«Ça change rien ! s'exclame Jawad, gérant d'un snack en centre-ville. Si Ben Ali veut vraiment que les gens arrêtent de manifester, il faut qu'il baisse les prix comme en Algéri