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Libération
REPORTAGE

Côte-d’Ivoire, la peur de l’étincelle

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Depuis trois jours, Abobo, au nord d’Abidjan, est transformé en vaste champ de bataille entre les camps Ouattara et Gbagbo. Des affrontements perçus comme les «prémices d’une guerre civile».
Photo du quartier d'Abobo, à Abidjan, le 13 janvier. (REUTERS)
publié le 14 janvier 2011 à 0h00

Sur la grande place d’Abobo gare, hier matin, la population vaquait à ses occupations sans prêter attention à l’épave calcinée d’un camion de la police. Quelques dizaines d’hommes de la garde républicaine et des militaires étaient postés discrètement des deux côtés de ce grand carrefour, au bord de la voie express qui traverse Abobo, vaste commune du nord d’Abidjan peuplée d’un million de personnes.

Abobo gare est surnommé «siège d'attaque» par ses habitants. C'est de là que sont partis les affrontements des trois derniers jours, un tournant dans la crise post-électorale de Côte-d'Ivoire. Pour la première fois, des membres des Forces de sécurité (FDS), l'armée «loyaliste» aux ordres du président sortant, Laurent Gbagbo, ont été pris pour cible. Deux soldats ont été tués dans la nuit de lundi à mardi, et cinq autres dans la nuit de mardi à mercredi. Au moins neuf civils ont également perdu la vie, tandis que trois Casques bleus de la mission des Nations unies en Côte-d'Ivoire (Onuci) ont été légèrement blessés.

Raids nocturnes. Un couvre-feu a été décrété mercredi, pour trois jours, de 19 heures à 6 heures, à Abobo et dans la commune voisine d'Anyama. Philippe Mangou, le chef d'état-major, a affirmé sur la Radio-télévision ivoirienne (RTI) que «ces attaques armées et les lourdes pertes placent désormais les Forces de sécurité de Côte-d'Ivoire en position de légitime défense». Il a accusé «des individus embusqués de répondre aux ap