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Libération
REPORTAGE

Sous les balles, Ettadhamen hurle sa rage

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Soumise à un couvre-feu, cette banlieue de Tunis a connu de violents affrontements dans la soirée de mercredi, faisant plusieurs victimes. Hier, les troubles ont gagné le centre-ville.
Des gens parlent devant un centre commercial incendié à Ettadhamen, en banlieue de Tunis, le 13 janvier 2011. (© AFP Fethi Belaid)
par José Douglas, envoyé spécial à Tunis
publié le 14 janvier 2011 à 0h00

Une fumée noire flotte sur le quartier. Des carcasses de voitures calcinées jonchent la rue. Un pompier tente de sauver les restes d'un salon de beauté. Les rideaux de fer des magasins fermés sont couverts d'inscriptions vengeresses : «Tu [Zine el-Abidine ben Ali] as tué nos enfants et nos étudiants», «Ben Ali doit partir».

En quelques jours, Ettadhamen, la banlieue la plus peuplée, la plus pauvre, et aussi la plus explosive de la capitale est devenue le symbole de la colère de tout un peuple.

«Egalité». Ici, le couvre-feu instauré mercredi a été synonyme de nouveaux accrochages. Huit personnes auraient été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la Fédération internationale des droits de l'homme. Partout, les traces de la contestation sont visibles. «On en a marre, marre de galérer pour travailler et pour manger à la fin du mois alors que la famille Ben Ali s'enrichit de jour en jour», confirme Chiheb, 23 ans. Mais à l'en croire, ce ne sont pas les habitants qui brûlent les commerces : «Nous, on jette des pierres, c'est tout. Mais en face, la police tire à balles réelles et brûle les magasins pour nous accuser.» Il cite le cas d'un voisin, Majdi ben Mohamed Nassri, 27 ans, qui aurait été tué par la police la veille.

La famille habite quelques rues plus loin, Cité du 18-janvier. Les jeunes du quartier se sont groupés devant la maison des parents. La colère est palpable dans la cour, remplie de voisins. «Il était 19 h 35, il