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Portrait

Ben Ali, le règne de la répression

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Secret mais omniprésent, l’ex-président tunisien a toujours usé de la force.
Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, le 13 décembre 2010 à l'aéroport de Tunis-Carthage (© AFP Fethi Belaid)
publié le 15 janvier 2011 à 0h00

Les Tunisiens le surnommaient «Benavie». Finalement, il a duré vingt-trois ans, sans dépasser le record de Bourguiba (trente et un ans au pouvoir), qu'il avait déposé le 7 novembre 1987 à la faveur d'un «coup d'Etat médical». On le croyait indéboulonnable, impitoyable, sans états d'âme. Il s'est dégonflé comme une baudruche face à la colère de sa rue. Cet homme secret, que l'on décrivait comme un animal à sang froid, n'a pas résisté. Il est arrivé au pouvoir comme Jaruzelski, il l'a quitté comme le Shah d'Iran.

De lui, les Tunisiens ne savaient presque rien. Cet homme, au culte de la personnalité omniprésent, était d’ailleurs plus une image qu’une voix. L’image du Président, déchirée ces derniers jours par les manifestants, est partout en Tunisie. On l’y voit avec un sourire figé, la main sur le cœur ou tapotant la joue d’un enfant. En costume sombre ou vêtu de la traditionnelle «jebba», les cheveux teints d’un noir corbeau, tout comme les sourcils, Ben Ali est aussi omniprésent que muet.

Son allocution de jeudi soir, prononcée en arabe dialectal, a été de ce point de vue une rareté : les Tunisiens l’ont découvert grincheux, revanchard, se plaignant d’être conspué dans la rue alors qu’il avait consacré sa vie au service du pays.

Porte-flingue de Bourguiba

Né en 1936 dans une famille modeste de la ville côtière de Hammam Sousse, Zine al-Abidine Ben Ali est le quatrième enfant d’une famille de onze. Sa chance est celle de toute une génération de jeunes hommes pauvres dans le monde arabe, qui a con