Ben Ali a quitté tout à la fois le pouvoir et la Tunisie. Les Tunisiens l’ont appris vendredi en début de soirée à la télévision d’Etat par la bouche du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui dans une déclaration laconique, a déclaré assurer l’intérim, au terme d’une journée complètement folle.
Le président tunisien, dont la dernière apparition remonte à jeudi soir, lorsqu’il s’était adressé à ses compatriotes à la télévision pour annoncer une série de réformes et surtout deux initiatives importantes : il ne se représenterait pas en 2014 et il avait demandé à la police de ne plus tirer à balles réelles sur les manifestants. On apprenait pourtant vendredi matin que 13 manifestants avaient été tués au cours de la nuit dans la seule capitale, selon des sources hospitalières citées par l’AFP. A Tunis et la banlieue chic de La Marsa, 17 autres morts sont venus s’ajouter hier, selon des sources médicales citées par l’opposition tunisienne à Paris.
Suicide politique. La grande manifestation appelée à Tunis vendredi et le mot d'ordre de grève générale lancée par la centrale syndicale unique, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), s'annonçait donc comme un test décisif après le coup de poker lancé la veille par Ben Ali. Mais rapidement, la manifestation, qui a stationné longuement devant le ministère de l'Intérieur, avenue Bourguiba, honni de la population, a dégénéré (lire page 4 le reportage de notre envoyée spéciale) et le film des événements s'est ac