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Libération
Interview

Mezri Haddad «Pour Ben Ali, c’est un complot islamiste»

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Mezri Haddad, ambassadeur de Tunis à l’Unesco, a démissionné quelques heures avant le départ du chef de l’Etat.
publié le 15 janvier 2011 à 0h00

Vendredi matin, il défendait encore la politique du président Ben Ali sur France Inter, assurant que les promesses d'ouverture de la veille allaient se concrétiser. En début d'après-midi, Mezri Haddad, l'ambassadeur de Tunisie à l'Unesco, a rendu publique sa démission. Cet ancien opposant de gauche, journaliste et philosophe, rallié au régime Ben Ali en 2000, explique à Libération les raisons de son coup d'éclat. Cet entretien a été réalisé quelques heures avant l'annonce du départ de Ben Ali.

Pourquoi avez-vous démissionné ?

Je ne peux plus supporter l’insupportable. Trop c’est trop. Ce qui se passe est inacceptable, injustifiable.

Qu’est-ce qui a changé ?

On m'a donné de fausses informations. On m'a menti, à moi mais aussi à mon collègue ambassadeur de Tunisie en France [Raouf Najar, ndlr]. J'ai parlé au président Ben Ali le 10 janvier. Je lui ai expliqué ce qui se disait ici dans les médias. Il m'a répondu que ce qui se passait était un complot des islamistes qui se cachaient derrière les manifestants. J'y ai cru, jusqu'à ce que des amis m'ouvrent les yeux et me racontent la réalité de ce qui se passe en Tunisie.

Vous avez parlé à Ben Ali, ce matin ?

Oui, à deux reprises. Je tenais à l'informer de ma démission. Je le lui ai annoncé avant de lui faire parvenir ma lettre de deux pages. Il m'a rappelé pour me dire : "Ne te trompe pas. Ne fais pas ça, pas en ce moment. Je t'assure que les intégristes vont prendre le pouvoir." Je lui ai répondu : "J'espère que ce n'est pas vrai et que l'avenir vous donnera tort."

Croyait-il vraiment à ce qu’il disait ?

Je ne saurais le dire, mai