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rencontre

«On est contents d'être devenu le pays où la jeunesse prend en main son destin»

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Blogueur et caricaturiste politique, _z_ a dessiné la révolution tunisienne. Un soulèvement «spontané», mû par «l’humiliation permanente» infligée par le régime de Ben Ali, raconte ce jeune tunisien.
Carnet de croquis de _z_ (E.A.)
publié le 16 janvier 2011 à 18h11

«Je reste sur le cul. J'ai l'impression que c'est un rêve qui se réalise». Ce samedi matin 15 janvier, quand nous rencontrons _z_ dans un café parisien, le blogueur et caricaturiste tunisien est encore tout étonné de ce qui s'est passé la veille: le président Ben Ali, celui qui «avait l'image du gars indéboulonnable», a fui, après 23 ans de règne et de répression des opposants.

Tout étonné, mais aussi tout fatigué («je n'ai quasiment pas dormi»), encore inquiet du chaos à Tunis, sa ville. «Mais c'est d'abord la joie et l'euphorie qui nous animent tous».

«Ca s'est passé de façon aussi magique que la chute du Mur de Berlin, analyse à chaud le cyberdissident trentenaire, qui vit et travaille entre la France et la Tunisie, dans un milieu qui n'a rien à voir avec son blog. C'est la spontanéité de l'événement qui lui donne sa force». Et, ajoute-t-il, «qui pouvait croire que la révolution partirait de Sidi Bouzid, ce trou paumé de la Tunisie? C'est une histoire qui peut devenir un mythe. Mohamed Bouazizi est un héros.»

Le surlendemain de l'immolation du «diplômé chômeur» Mohamed Bouazizi, le 17 décembre à Sidi Bouzid, _z_ a jouté cette note sur son blog de caricatures, DEBATunisie:

«Ces suicides publics et face aux bâtiments officiels expriment la plus terrible forme de protestation politique. Ce sacrifice de leur vie vise non seulement à atta