Il est 17 heures ce dimanche, le soleil se couche doucement sur Pétionville. La nouvelle commence à se répandre. Jean-Claude Duvalier va arriver en Haïti. Baby Doc est de retour. Une rumeur? Une blague? Non, tout ça a l'air d'être vrai. Les téléphones n'arrêtent pas de sonner. En apprenant la nouvelle, les gens sourient surtout d'hébètement et d'excitation. Pas de grand mouvement de joie, pas de colère non plus.
Trente minutes plus tard, devant l'aéroport Toussaint-Louverture de Port-au-Prince, trois cents personnes sont venues l'accueillir. Quelques «Bon papa Jean-Claude» sont clamés ci-et-là mais les simples curieux semblent aussi nombreux que les nostalgiques. D'autant que beaucoup sont jeunes, très jeunes. Ils n'étaient pas nés en 1986 au moment où le peuple haïtien fêtait le départ du dictateur. «Mes parents m'ont beaucoup parlé de lui», explique Marlon, un adolescent. «Avant, Haïti était un grand pays.» «Il nous faut du changement» complète sa sœur avec enthousiasme.
Enthousiaste, Franciscain, 20 ans, l'est moins. Il dit être là «pour voir» mais aussi «parce que mon père était militaire et Duvalier c'est le temps où on avait une armée». Il ne croit pourtant pas au retour providentiel et s'agace un peu de la situation. Tout le monde crie; l'avion aurait atterri. «Ça c'est du fromage, du show», lâche-t-il en désignant un groupe courant avec un drapeau haïtien; «moi, je veux du travail. Vous avez
Reportage
Baby Doc de retour, les Haïtiens sceptiques
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Duvalier à son hôtel dimanche soir. (REUTERS)
par Marwan Chahine
publié le 17 janvier 2011 à 10h36
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