Si tard, si peu, si mal. Samedi seulement Paris a fini par abandonner son langage d'extrême prudence sur la crise en Tunisie. «Depuis plusieurs semaines, le peuple tunisien exprime sa volonté de démocratie et la France que tant de liens d'amitiés unissent à la Tunisie lui apporte un soutien déterminé», a affirmé le président français, Nicolas Sarkozy. La veille au soir encore, vendredi, alors même que le tyran renversé fuyait vers Djedda en Arabie Saoudite, un communiqué laconique de l'Elysée commentait ainsi la révolution triomphante à Tunis : «La France prend acte de la transition constitutionnelle annoncée par le premier ministre Ghannouchi. Seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle.» Et en conclusion l'Elysée rappelait que la France se tient «aux côtés du peuple tunisien dans ces heures décisives». En langage diplomatique cela s'appelle un service minimum, d'autant que ce texte arrivait bien après les communiqués de Berlin ou de Londres saluant chaleureusement le changement en cours. Sans même parler de Barack Obama qui, évoquant «le courage et la dignité» des Tunisiens, renchérissait : «Nous nous souviendrons longtemps des images du peuple tunisien cherchant à faire entendre sa voix.»
Circonstances. Le changement de ton de l'Elysée est donc bien tardif et dicté par les circonstances. Il suit le renversement d'un raïs considéré longtemps par Paris comme un allié et