Après quatre jours d'insécurité et de violences dans la capitale qui ont vu la majorité des commerces de la ville baisser le rideau, le marché central de Tunis s'anime de nouveau. «On est un peuple de paix, on est un peuple jeune», affirme Imed le transporteur qui livre des œufs et du lait caillé. Devant la seule boulangerie du marché, au moins vingt personnes font la queue, mais là non plus, personne ne fait la grimace. La chute du président Ben Ali est sur toutes les lèvres. «Nous sommes libres, c'est ça le plus important», glisse une cliente. Quand on évoque le sujet de l'insécurité et des milices pro-Ben Ali qui terrorisent toujours la ville la nuit, Mohamed, à la retraite depuis deux mois, chasse l'inquiétude d'un geste de la main : «Il y a eu une révolution. Laissez-nous du temps pour que les choses rentrent dans l'ordre, et ce sera même mieux qu'avant.» Même la nomination d'un gouvernement de transition avec des membres du RCD, le parti au pouvoir depuis vingt-trois ans, ne lui fait pas peur. «Le peuple a pris sa liberté et chassé un dictateur. La peur est morte dans le cœur des gens.»
Electrique. Mais à Tunis, tout le monde n'est pas aussi patient. L'annonce que le gouvernement de transition doit être nommé dans la journée rend la ville électrique. Vers 11 heures, sur l'avenue Bourguiba, une cinquantaine de personnes se mettent à scander : «Vive la Tunisie, vive la liberté, dehors le RCD, dégage le RCD !» A