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Libération
EDITORIAL

Justice

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publié le 18 janvier 2011 à 0h00

Les Tunisiens ont retrouvé la fierté d’être tunisiens. Ils n’ont plus honte de leurs dirigeants, d’une clique affairiste et corrompue qui les avait contraints à un silence humiliant par la force brute d’une toute-puissante police politique. Cette liberté nouvelle n’est pas pour autant gagnée. La transition entre une dictature, surtout aussi longue que le régime de Ben Ali, vers la démocratie n’est jamais facile. Le président déchu avait écrasé toutes les oppositions ; il avait éteint la société civile, syndicats, avocats, défenseurs des droits de l’homme, journalistes. Le gouvernement d’union nationale est un premier pas, mais il ne suffira pas. D’autant que nombre de ministres de la dictature ont été maintenus. Comme dans d’autres pays qui découvrent et redécouvrent la démocratie après des années noires, les Tunisiens ont droit à la justice et à la vérité.

Il leur appartiendra de décider comment juger les responsables de l’appareil de répression du régime, ses chefs, ses geôliers comme ses tortionnaires. Il leur appartiendra aussi de récupérer les biens pillés par les familles Ben Ali et Trabelsi, qui avaient fait de la Tunisie leur machine à cash. L’histoire de la dictature devra être connue. Seul un gouvernement légitimement élu pourra mener cette mission de justice transitionnelle. Il ne s’agit pas de vengeance, mais les responsables doivent rendre des comptes à ceux qu’ils ont emprisonnés, volés ou harcelés. D’autres pays, comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, se sont livr