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Libération

Tunisie, une transition à hauts risques

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Le nouveau «gouvernement d’union nationale» reprend nombre de ministres de Ben Ali et ne s’ouvre qu’à trois responsables de l’opposition.
Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi à Tunis le 17 janvier 2011. (© AFP Fethi Belaid)
publié le 18 janvier 2011 à 0h00

La question est toujours la même au sortir d’une longue et implacable dictature : faut-il basculer d’un coup dans la liberté et la démocratie ou l’introduire par étapes pour éviter les dérapages? Au risque de décevoir, voire de trahir tous ceux qui ont risqué voire perdu leur vie pour chasser Ben Ali : la «révolution de jasmin» a fait 78 morts et 94 blessés, selon un bilan officiel publié hier.

Critiques. Les nouvelles autorités tunisiennes ont opté pour l'homéopathie et la prudence, d'autant plus qu'elles sont toutes issues du pouvoir déchu. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui a exercé pendant plus d'une décennie sous Ben Ali, a annoncé hier la formation d'un nouveau gouvernement, suscitant les critiques d'une partie de l'opposition et de manifestants à Tunis (lire le reportage de notre envoyée spéciale page 4) mais aussi en province, notamment à Sidi Bouzid d'où est partie, le 17 décembre, la révolte qui a balayé vendredi dernier Zine al-Abidine Ben Ali.

Les insatisfaits font remarquer que quatre ministères clés restent contrôlés par des hommes du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti quasi-unique de Ben Ali. Il s’agit de l’Intérieur, qui reste à Ahmed Friaa, nommé mercredi dernier par Ben Ali en pleine répression, la Défense avec Ridha Grira, les Affaires étrangères à Kamel Morjane - vu à Tunis comme l’homme de Washington - et les Finances sous la tutelle de Ridha Chalghoum. Des hommes du sérail qui sauront faire tourner la mach