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Libération

La révolution rampante des terres d’islam

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publié le 19 janvier 2011 à 0h00

Il n’y a pas que la Tunisie. Si tout le monde arabe s’interroge sur les conséquences du renversement de Zine el-Abidine Ben Ali, si dirigeants et dirigés y supputent les possibilités d’une contagion démocratique à l’ensemble de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient, ce n’est pas seulement parce que la force de ce soulèvement populaire frappe les imaginations.

C’est aussi, avant tout, parce que tous les régimes du Maghreb et du Machrek sont confrontés à une contestation montante dont la révolte tunisienne n’est que la partie émergée. Il y a, bien sûr, des exceptions à cette situation. Entre Europe et Proche-Orient, la Turquie offre, au contraire, l’exemple d’une démocratie dont l’économie est en plein boom et dont les islamistes se sont transformés en «musulmans-démocrates» pour arriver au pouvoir et y gouverner avec succès sans remettre en question la laïcité kémaliste. Entre absolutisme et pluralisme, la monarchie marocaine a pour elle d’avoir été le principal artisan d’une décolonisation pacifique et d’avoir toujours su laisser une place, plus ou moins symbolique suivant les époques, à des partis d’opposition dont l’existence constitue une précieuse variable d’ajustement politique.

Il y a le Maroc et, surtout, la Turquie mais, en dehors de ces deux pays, Maghreb et Machrek ne sont que despotisme et instabilité. Théâtre permanent d’explosions de colère populaire, l’Algérie n’en peut plus de ses généraux qui la pillent et la ruinent à l’abri d’institutions de façade. Le colone