Le siège de l'Union syndicale des travailleurs maghrébins est pris d'assaut. Des dizaines de journalistes pressent caméras et micros autour des trois figures clés de la journée : les premiers démissionnaires du tout jeune gouvernement de transition en Tunisie. «Quand j'ai été convoqué, je ne savais pas à quel poste je serais nommé, je ne savais pas non plus combien de ministres appartenant au parti au pouvoir seraient nommés», raconte Bedoui Abdeljelil, professeur d'économie en retraite, membre de l'Union générale des travailleurs tunisiens et déjà ex-ministre d'Etat auprès du Premier ministre. S'il a décidé de démissionner, c'est parce que le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti mafia, au pouvoir depuis vingt-trois ans, est toujours là, se taillant la part du lion dans les maroquins. «Si on participe, on va être comme des figurants puisqu'on ne contrôle rien. On n'a pas de ministères de souveraineté, on est une minorité», poursuit-il.
Eponge. La décision a été prise à l'unanimité des treize membres du bureau exécutif. Une nouvelle fois, la rue a gagné. Quelques heures plus tard, en fin de journée, le Forum démocratique du Travail et des libertés (FDTL) a annnoncé la «suspension» de sa participation au gouvernement, où il disposait d'un ministère. Puis le Premier ministre Mohamed Ghannouchi et le président par intérim, Fouad Mebezza ont annoncé qu'ils démissionnent du RCD. La rue a encore gagné. «On a écou