L'annulation, à la demande du Crif, d'une conférence-débat qui devait se tenir à l'Ecole normale supérieure sur la question du boycott crée une indignation légitime. Les motifs de «sécurité», timidement avancés par la direction de l'école pour tenter de la justifier, dissimulent mal la logique du musellement de l'expression publique qui est clairement à l'œuvre sur un sujet - les modes de résistance à la politique d'un Etat - dont il ne pourrait pas être débattu, d'après le Crif, parce que cet Etat s'appelle Israël.
Comment ne pas voir que cette logique de bâillonnement est exactement la même que celle qui sous-tend, précisément, l’exercice de poursuites pénales contre ceux qui, s’inscrivant dans une longue tradition de résistance citoyenne, ont choisi de faire du boycott un instrument de contestation des Etats par les sociétés civiles. Ce que cette annulation révèle, finalement, c’est que, dans une sorte de continuum de la censure, la pénalisation du boycott se doublerait d’une interdiction de la contester.
Comme d’autres, nous avions accepté de participer à la conférence, dont la vocation n’était autre que de soutenir Stéphane Hessel et l’ensemble des personnes aux prises avec la justice pour des faits de boycott. Qu’allions-nous dire à l’Ecole normale supérieure ? Il ne pouvait s’agir de prendre position sur l’«opportunité» de boycotter les produits israéliens, sujet sur lequel nous n’avions bien entendu ni compétences ni qualité pour intervenir. Il était en revan