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Libération
Récit

Hongrie : Orbán cible les philosophes

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Une campagne antisémite relayée par les médias proches du pouvoir attaque cinq intellectuels.
publié le 21 janvier 2011 à 0h00

C'est une manière de lâcher du lest. La controversée législation sur les médias adoptée par la droite populiste de Viktor Orbán est entrée en vigueur le 1er janvier, mais elle ne s'appliquera à la presse écrite qu'à partir du 1er juillet… lorsque la Hongrie, une fois son mandat achevé à la tête de l'Union européenne, ne sera plus sous les feux des projecteurs. Cette concession apparente permet aux médias proches du Premier ministre hongrois de violer sans vergogne les principes édictés par sa propre majorité. La nouvelle législation précise que le contenu des médias «ne doit pas inciter à la haine contre les personnes, les nations, les communautés, les minorités nationales, ethniques, linguistiques ou autres, ni contre une majorité, une église ou un groupe religieux». Un thème cher à la droite populiste. Un thème qui a permis à Orbán de remporter les élections en 2010.

L'ex-étudiant dissident s'est posé en conservateur paternaliste qui allait nettoyer les écuries d'Augias après huit années de gouvernement socialiste-libéral ponctuées de nombreuses affaires de corruption. Or, le pouvoir fait fi de sa propre loi en lançant une campagne haineuse. Le quotidien Magyar Nemzet, proche du pouvoir, se fait le porte-voix d'une chasse aux sorcières contre la grande philosophe hongroise Agnes Heller, figure de proue de la dissidence, ainsi que contre quatre de ses confrères. Depuis dix jours, articles et éditoriaux éreintent ces philosophes, réputé