Menu
Libération
Reportage

A El Mourouj, la terreur rôde encore

Article réservé aux abonnés
La Tunisie après Ben Alidossier
Dans cette banlieue, les ex-miliciens de Ben Ali reviennent la nuit avec des armes à feu. Les habitants s’organisent.
publié le 22 janvier 2011 à 0h00

Les lames brillent dans la nuit. Ils sont huit, avec leurs couteaux et des bâtons. Deux poteaux en fer rouge et blanc barrent la route. Des pierres et les piliers d'une sculpture défoncée complètent le tout. Les rues sont désertes, une nouvelle nuit de couvre-feu commence à El Mourouj, dans la banlieue de Tunis. Voilà six nuits qu'Azouz et ses «gosses», comme il les appelle, veillent pour surveiller cette portion de route, l'avenue des Martyrs, l'axe principal de Mourouj 4. Ils ne sont ni policiers, ni militaires, mais habitants du quartier. Visages à moitié dissimulés par des casquettes ou des écharpes, Azouz et ses gars sont nerveux. La nuit dernière, des tirs ont résonné dans la rue pendant plusieurs heures, alors ils veulent intercepter des armes éventuelles. «Eux, ils tirent avec des pistolets, mais nous, on n'a que des cailloux. Ce n'est pas suffisant, mais on essaie de les éloigner jusqu'à ce que les soldats arrivent», explique cet ancien contrôleur de recettes à la retraite. La veille, coup de chance, les militaires sont venus au bout de vingt minutes, mais les deux «tireurs» ont pris la fuite. Azouz craint qu'ils ne reviennent cette nuit. Dans le quartier, personne ne sait qui sont ces hommes. Depuis la chute de Ben Ali, ils viennent souvent tirer la nuit et semer la terreur parmi les habitants. En une semaine, selon l'armée, une quinzaine de civils ont été tués par ces milices, membres de l'ex-garde présidentielle ou policiers à la solde de l'anci