En janvier 1958, un an avant la révolution castriste, la première collection d'Yves Saint Laurent présente au public 178 robes. Depuis le 7 octobre 2010, c'est le nombre d'activités que les Cubains, selon l'annexe 1 de la résolution numéro 32, peuvent désormais exercer en (presque) toute liberté. Il leur suffit de prendre une licence et de payer des impôts. Ces activités sont censées compenser, en partie, le plan de licenciements d'Etat mis en place à partir de ce mois-ci : 500 000 employés virés cette année, 1 500 000 à terme. En septembre, c'est Fidel Castro qui l'a dit : «Le socialisme, ça ne marche même plus pour nous.» Il parlait à un journaliste américain, comme jadis dans la Sierra Maestra : il semble avoir besoin d'eux pour annoncer l'avenir de l'île. Son frère Raúl, dès le mois d'août, le théorisait dans un jargon peu imitable : il faut «supprimer les préoccupations paternalistes qui atténuent la nécessité de travailler pour vivre et, par conséquent, réduire les frais non productifs qui entraînent le salaire égalitaire, indépendamment du nombre d'années d'emploi, et d'une garantie salariale pour de longues périodes à des gens qui ne travaillent pas.»
La machine à épuiser le citoyen
Dans une île de 11 millions d'habitants, en banqueroute et à double monnaie où, depuis cinquante ans, selon le vieux précepte soviétique, «les gens font semblant de travailler et l'Etat, semblant de les payer», ce devrait être un bien et ce pourra