(avec Hélène DESPI-POPOVIC)

C'est Boris Akounine, l'auteur de polars historiques à succès qui a convaincu l'écrivain Ludmila Oulitskaïa, une des figures les plus fraîches de la littérature contemporaine russe, d'entamer une correspondance avec le détenu numéro 1 du Kremlin, l'ancien roi du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, condamné en décembre à rester en prison jusqu'en 2017 (Libération du 28 décembre 2010). Un recueil de ces lettres doit paraître à l'automne chez Fayard, réunissant également la correspondance tenue par Khodorkovski - l'ancien patron du géant pétrolier Ioukos, démantelé après son arrestation en 2003 - avec deux autres écrivains russes, Boris Akounine, et Boris Strougatski (auteur de science-fiction), ainsi que plusieurs essais écrits par le détenu le plus célèbre de Russie.

Ludmila Oulitskaïa explique ainsi son engagement: «Aucun de mes amis n'a eu cette trajectoire. Lui a été fonctionnaire des jeunesses communistes, les Komsomol. Pas nous. Il a travaillé au sein du complexe militaro-industriel. Rien ne m'est plus étranger. Il a fait partie de cette jeune élite issue de la société communiste qui s'est partagé le gâteau après l'effondrement du système. Rien de cela ne pouvait susciter ma sympathie. Alors ma première question n'a pu être que celle-là : comment en êtes-vous arrivé là ?» Elle comprend sa différence : «Khodorkovski était ingouvernable et c'est pour cela qu'il a été puni.»

Au fil des mois, naissent un échange e