Sihem Bensedrine, 60 ans, a dirigé la radio dissidente Kalima sous le régime Ben Ali. Longtemps harcelée, elle a dû quitter Tunis pour Barcelone en décembre 2009 après avoir publié une lettre ouverte intitulée «M. le Président, partez !». Elle est rentrée en Tunisie le 14 janvier, le matin de la chute de Ben Ali.
Ben Ali est parti, mais son régime a-t-il disparu ?
Oui, l’ancien régime a disparu avec Ben Ali, mais il nous reste ses séquelles, des gens qui cherchent à déstabiliser la révolution. Ces gens ont perdu l’initiative des événements, le rapport de forces n’est plus en leur faveur. Donc ils essaient de jouer le pourrissement et le chaos en infiltrant les manifestations, où leurs agents défendent des positions maximalistes. Les Tunisiens ne les laissent pas faire, et dès qu’on en repère un, il est écarté, neutralisé. Le peuple est très mûr et sage.
Vous dites être toujours censurée sur Internet et mise sur écoute ?
Oui, c’est incroyable, mais la cyberpolice travaille toujours. S’ils veulent écouter nos conversations, qu’ils écoutent. S’ils veulent censurer nos mails, on trouvera un autre moyen de les envoyer. Ce sont des choses qu’on va mettre à plat. Un jour, ces gens-là passeront à la caisse.
Faites-vous confiance au gouvernement de Mohamed Ghannouchi?
Non, je ne lui fais pas confiance. Il a heurté tous les Tunisiens en déclarant qu’il avait contacté Ben Ali après son départ. Nous ne lui pardonnerons pas ce geste et j’espèr