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Libération

Pour la bienfaisance et contre l’arbitraire

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publié le 22 janvier 2011 à 0h00

Texte de Ludmila Oulitskaïa, en introduction des extraits de lettres publiées, pour la première fois, en octobre 2009, dans la revue russe «Znamia».

Avant, les journalistes occidentaux me demandaient souvent : «Aimez-vous Poutine ?» Quand notre pays a changé de président, ils m'ont posé une autre question : «Ce Medvedev, qui est-il ?» Je leur répondais franchement que je l'ignorais. Cet homme était apparu de nulle part. On savait seulement qu'il était juriste. «On en saura rapidement un peu plus, disais-je aux journalistes. Si Khodorkovski est libéré, alors Medvedev est un homme politique indépendant. Sinon, alors ce n'est qu'un homme de paille.» Il n'a pas été libéré. Au contraire, une nouvelle accusation particulièrement grotesque a été montée contre lui. Et pourtant, il se conduit superbement, avec dignité, avec courage et même, à bien y réfléchir, avec défi.

Je dois avouer une chose : en règle générale, je n'aime pas les riches. J'ai un sens de la justice sociale surdéveloppé, et habituellement, j'ai honte pour nos riches. Je l'admets, c'est un préjugé. Je ne suis pas la seule à avoir des opinions préconçues : certains n'aiment pas les Juifs, d'autres détestent les Tadjiks, les troisièmes haïssent la police et les quatrièmes ne supportent pas les pitbulls. Personnellement, je ne m'étais pas particulièrement intéressée à Ioukos ou à Khodorkovski jusqu'à ce que je découvre en voyageant à travers notre immense pays que,