D'une main fébrile, Otmane Saïdi sort des photocopies d'une housse d'ordinateur convertie en porte-documents. Le certificat médical de son fils Rami, attestant qu'en 2007 il souffrait de troubles psychiques et était sous traitement médical. Ses bulletins de notes à l'université de Sousse. Depuis cinq jours il ne sait plus vers qui se tourner pour obtenir de l'aide. «On nous a dit qu'il y avait eu des libérations… Voilà cinq jours que je suis à Tunis, et toujours rien», raconte le vieil homme. Quelques heures avant il a rendu visite à Rami, âgé de 27 ans. Toujours derrière les barreaux, à la prison de Mornaguia, près de Tunis. En 2009, il a été condamné à quatre ans de prison ferme au titre de la loi antiterroriste. La famille a fait appel. Depuis, les audiences ont sans cesse été repoussées. Qu'a-t-il fait ? « Rien ! assure son père. Il n'est pas politisé, les islamistes ça ne l'a jamais intéressé.»
Samir ben Amor, avocat, connaît bien ce type de cas. Secrétaire général de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), il est l'un des rares à avoir défendu les dossiers de terrorisme pendant les années Ben Ali. Il estime aujourd'hui à plus de 3 000 le nombre de détenus condamnés au titre de cette loi du 10 décembre 2003 - adoptée lors de la Journée mondiale des droits de l'homme, et intitulée «Contribution de la Tunisie à l'effort international contre le terrorisme». «C'était une façon de se garantir le soutien occide