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Libération

En Argentine, une éducation un peu trop uniformisée

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par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 25 janvier 2011 à 0h00

Des enfants vêtus de gilets pare-balles, qui défilent au pas et saluent le drapeau, c'est choquant ? Pas pour tout le monde en Argentine, où 8 000 d'entre eux au moins passent leurs samedis en camps d'entraînement pour révéler «le policier qui est en eux». Cette initiative, née à la fin des années 80 mais qui connaît un regain de ferveur, est soutenue par les parents et l'Eglise catholique locale, dont les aumôniers servent souvent d'instructeurs.

«Je ne vois pas le problème si les enfants s'amusent, affirme la mère d'un de ces apprentis policiers, âgé de 6 ans, dans la province de Salta (nord-ouest du pays). Personne n'aurait l'idée de critiquer les scouts. Et c'est un geste courageux pour sortir certains enfants des rues.»«Nous leur demandons de bonnes notes à l'école, de bien se comporter à la maison et de saluer les policiers. Nous leur apprenons à défiler, à respecter les valeurs patriotiques, disons qu'il ne faut pas avoir peur d'utiliser l'uniforme», avait expliqué le père Adrian Alberto Mari, chargé de l'endoctrinement de 45 enfants, âgés de 9 à 14 ans, dans la ville patagonne d'Esquel, avant d'être renvoyé par le gouverneur. L'évêque d'Esquel, José Slaby, s'est défendu maladroitement : «Ce n'est pas parce qu'un enfant porte un gilet pare-balles qu'il sera raciste ou délinquant.» Ces groupes paramilitaires commencent cependant à déranger une opinion publique qui se souvient des liens amicaux qu'entretenait l'Eglise avec les