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Libération
TRIBUNE

L’Elysée était informé des dérives du système Ben Ali

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par Yves AUBIN de la MESSUZIERE, Ancien ambassadeur de France en Tunisie (2002-2005) et ancien directeur Afrique du Nord- Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères (1999-2002).
publié le 26 janvier 2011 à 0h00

Lundi, Nicolas Sarkozy reconnaissait avoir «sous-estimé la soif de liberté du peuple tunisien». Dans ce texte, Yves Aubin de la Messuzière affirme pourtant que l’Elysée disposait de toutes les informations pour évaluer la situation.

La Tunisie est entrée de plain-pied dans une période de transition démocratique dont tout laisse penser qu'elle sera irréversible. Dans un premier temps, ce mouvement a été porté par la jeunesse, plus particulièrement les jeunes chômeurs, pour s'étendre aux classes moyennes mobilisées par les réseaux sociaux dont Facebook est l'acteur principal. Les mots d'ordre des manifestants revendiquaient la liberté et la démocratie tout autant que la restauration de la dignité (karama), en écho à Gandhi : «S'il est contraire à sa dignité d'homme d'obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l'asservir.» Cette transition ne sera pas un long fleuve tranquille, tant apparaît forte la volonté d'un changement profond, voire radical, de la part de larges couches de la population. Ces derniers jours, ce sont des manifestants venus de l'intérieur du pays qui manifestent avec des slogans appelant à la dissolution du RCD et à la démission du gouvernement. Des courants s'expriment dans la rue et dans les médias pour mettre en garde contre la confiscation de la «révolution démocratique». L'appellation de «révolution du jasmin», venue de France, n'a pas cours en Tunisie et rejoint les stéréotypes en référence à la douceur et à la docilité supposé