Une fois de plus, les époux Prié ont laissé leur ferme bretonne pour se rendre en Colombie. Leur fils y fut assassiné au cours de ses vacances, en mai 2002, par des paramilitaires. Depuis, ils vont en Colombie chaque année pour tenter d’obtenir justice. Simon, âgé de 21 ans, s’était fait détrousser en revenant de la côte des Caraïbes. Il a tenté de faire du stop dans le village de Ciénaga, sous le contrôle des paramilitaires. Les miliciens d’extrême droite, officiellement dédiés à la lutte contre la guérilla marxiste, ont ramassé cet étranger, habillé selon eux en hippie, et l’ont tué. La pratique avait un nom : le nettoyage social, soit l’élimination de tout ce qui pouvait ressembler à un vagabond, un voleur ou un homosexuel.
Les proches de Simon, colombien par sa mère, ont mis des semaines à retrouver son corps dans une tombe anonyme parmi d'autres disparus. Pourtant, «tout le monde dans le village savait ce qu'il s'était passé, raconte son père, Jean-François. Ils sont passés avec lui à quelques mètres de la police». Depuis, un homme a reconnu sa responsabilité : José Gregorio Mangones, surnommé «Tijeras» (Ciseaux) pour sa capacité à découper ses victimes, chef local des paras. Accusé de 1 483 homicides, il a bizarrement bénéficié après sa capture, en 2005, d'une loi magnanime, dite de justice et paix, réservée aux déserteurs et démobilisés. Il pourrait, contre ses aveux, ne purger que huit ans de prison.
Tijeras, qui s'est vanté devant les juges de son <