Un chapitre de l'histoire libanaise vient de se refermer. La coalition dirigée par Saad Hariri, majoritaire depuis l'été 2005, a perdu le pouvoir hier après-midi à Beyrouth. Le Hezbollah et ses alliés ont imposé leur candidat, Najib Mikati, au poste de Premier ministre. Soutenu par 68 députés sur les 128 que compte le Parlement, l'homme d'affaires sunnite et multimillionnaire a été chargé par le président Michel Sleimane de former le prochain gouvernement. Aussitôt, les partisans de Saad Hariri ont violemment protesté dans l'ensemble du pays. «Nous refusons d'être dirigés par le Hezbollah et son parrain iranien !» hurle Alia, descendue exprimer sa colère dans les rues de Beyrouth. «Le Premier ministre est un sunnite, c'est à nous de le choisir, pas aux chiites», ajoute-t-elle.
«Coup d'Etat». A Tripoli, la grande ville sunnite du nord du pays, les manifestants ont mis le feu à un camion de la chaîne Al-Jezira. Eux s'estiment victimes d'un «coup d'Etat» diligenté par le «Parti de Dieu». «Avec Saad Hariri, nous avons gagné les dernières élections législatives. De quel droit Mikati prend-il aujourd'hui le pouvoir ?», s'insurge Mahmoud, propriétaire d'une épicerie. Pourtant, ce n'est pas en utilisant la force que le Hezbollah, à la tête d'une puissante milice, a renversé la donne. Tout s'est joué dans les cuisines de la politique libanaise. Le 12 janvier, l'opposition a fait chuter le gouvernement Hariri en présentant la démissi