L’histoire de son départ reste à écrire. On saura un jour si c’est un général, l’ambassade américaine ou la simple panique, qui a finalement convaincu l’ancien président tunisien de prendre la fuite mais, quelles qu’aient été les minutes de ses dernières heures, ce n’est pas là qu’est à chercher la raison de son retrait. Ancien policier, resté flic dans l’âme, Zine el-Abidine ben Ali n’aurait pas hésité à faire couler encore plus de sang pour conserver le pouvoir mais même les possédants ne voulaient plus de lui alors qu’il avait su s’attacher, à ses débuts, les femmes, les classes moyennes et des pans entiers de la société tunisienne en attirant des capitaux étrangers et menant une impitoyable chasse aux islamistes qui terrifiaient, à l’époque, tout le Maghreb par la barbarie dont ils faisaient montre en Algérie. Cet homme avait eu une popularité mais avait oublié que même une dictature doit avoir des appuis.
Au fur et à mesure que régressait la menace jihadiste, les classes moyennes n’ont plus vu en lui un rempart de la laïcité mais le despote qu’il était. La corruption généralisée avait, depuis longtemps, fait oublier les emplois créés par les investissements européens. Elément déclencheur de cette révolution, le chômage des jeunes diplômés avait fait basculer la jeunesse éduquée dans le rejet de son régime. Cela faisait déjà beaucoup mais ce président a commis là-dessus l’erreur de trop, celle qui lui a été fatale.
Parce qu’il était affaibli par la maladie, enivré de sa to