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Libération
Interview

«On est objectivement devant un processus révolutionnaire»

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Basma Kodmani, chercheuse, pointe le verrouillage total du régime :
publié le 27 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 27 janvier 2011 à 14h42)

Chargée de mission au CNRS, Basma Kodmani est directrice de l’Initiative de réforme arabe, consortium d’instituts de recherche du monde arabe.

Quel rôle a joué la Tunisie dans l’actuel mouvement égyptien ?

Il est déclenché par ce qui s’est passé en Tunisie. Les militants essayent de profiter de la dynamique tunisienne, ils utilisent les mêmes symboles, les mêmes gestes - on agite les bras pour dire «dégage» -, les mêmes slogans…

Qui compose le mouvement ?

Essentiellement des jeunes gens, des enfants, beaucoup de femmes. C’est un mouvement qui se veut pacifique et cherche à prendre à revers les forces de sécurité. Ceux qui sont dans la rue sont déterminés à ne pas se laisser déborder par la violence. C’est une stratégie de protestation civique.

Que leur oppose le pouvoir ?

Un gigantesque appareil sécuritaire, Amn al-Markazi (la Sécurité centrale), qui compte 1,3 million d’hommes, en majorité des appelés, pauvres, illettrés. On voit la population leur apporter à manger, leur conseiller de rentrer à la maison, tenir à ces pauvres garçons un langage de proximité absolument remarquable.

Que peut faire le mouvement ?

Il devra faire beaucoup pour entraîner les mouvements sociaux très actifs ces derniers temps. Le pouvoir réagit avec des moyens contrôlés, mais un autre scénario prévoit que les forces de l’ordre se montrent plus violentes. Et, en dernier ressort, il y a l’armée en cas d’invasion du centre du Caire par les ha