La Cocotte-minute a-t-elle atteint sa cote d’alerte ? Longtemps, l’Egypte a été une énigme aux yeux des politologues, des spécialistes de la région, mais aussi des activistes de l’opposition, taraudés par la question suivante : mais quand donc l’Egypte explosera-t-elle ? Les facteurs objectifs sont évidents : démographie galopante contre croissance rampante, islamisme en progression constante, fragilité géopolitique d’un pays coincé entre son alliance avec l’Occident, la paix avec Israël et son identité arabe, sans compter l’absence de libertés politiques, les tensions interconfessionnelles, la corruption endémique, etc. Mais il ne suffit pas d’aligner les constats inquiétants pour créer les conditions d’une explosion.
Nervosité. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Il est trop tôt pour le dire. Mais la violence de la réaction du pouvoir dans la répression des manifestations ces deux derniers jours et la lourdeur des moyens mis en œuvre - blocage de Twitter, Facebook et des SMS - sont la meilleure preuve de sa nervosité.
Car ce qui s’est passé mardi au Caire et dans d’autres grandes villes de province est inédit. Jamais 15 000 manifestants ne s’étaient rassemblés dans la capitale pour réclamer la chute du régime. Cela paraît peu, mais le pays vit depuis trois décennies sous état d’urgence. Contrairement à 2003 ou 2009, il ne s’agissait pas de protester contre l’invasion de l’Irak ou le bombardement de Gaza, et donc de dénoncer indirectement la passivité du pou