Cela fait trente-deux ans que le président Ali Abdallah Saleh est au pouvoir au Yémen. Et c’est sans doute cette extrême longévité politique, de deux années supérieure à celle du président égyptien Hosni Moubarak et de neuf ans à celle du Tunisien Ben Ali, et la paralysie du système qu’elle entraîne, qui ont été le principal moteur du mouvement de contestation qui, hier, a saisi à son tour la capitale yéménite. Au total, ce sont plus de 16 000 personnes (10 000 environ réunies à l’université, 6 000 dans les rues, selon les estimations de l’agence Reuters) qui ont manifesté pacifiquement pour réclamer le départ du président yéménite. Différence notable avec la Tunisie et l’Egypte, c’est une coalition de partis de l’opposition parlementaire qui avait appelé à ces rassemblements sans précédent et qui s’inscrivent aussi dans la perspective des élections législatives du 27 avril.
«Corruption». Visiblement inspirés par les exemples tunisien et égyptien, les manifestants ont concentrés leurs slogans sur le président Saleh : «Trente ans au Yémen, ça suffit», déclinaison des slogans entendus au Caire et à Tunis. «Non au renouvellement du mandat, non à la transmission héréditaire du pouvoir»,«l'heure du changement a sonné», répétaient aussi les manifestants. «Assez joué, assez de corruption, regarde le fossé entre richesse et pauvreté», pouvait-on lire sur une banderole. Au total, pas moins de quatre manifestations distinctes avaient