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Libération
Reportage

Le Caire: «Je veux manifester, même si c'est la dernière chose que je fais dans ma vie»

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Un manifestant faisant face aux canons à eau de la police égyptienne, au Caire, vendredi. (Reuters)
publié le 28 janvier 2011 à 20h23
(mis à jour le 28 janvier 2011 à 21h06)

Impossible de traverser le Nil, la place Tahrir au centre-ville est inacessible, les téléphones mobiles sont coupés, Internet est bloqué et les rues bouclées. C'est dans une véritable souricière que les autorités égyptiennes ont coincé les manifestants vendredi.

La jonction de différentes manifestations parties de plusieurs endroits après la prière de 13 heures n'aura jamais eu lieu. Les manifestants, par grappes de centaines, tentent des percées systématiquement repoussées par des tirs de gaz lacrymogène. La place Talaat Harb, deuxième place principale du centre-ville, est tour à tour envahie par la police, regagnée par les manifestants. Les slogans les plus entendus: «Le peuple ne veut plus du gouvernement», ou encore un simple «liberté» scandé.

«La liberté a un prix, elle n'est pas gratuite»

Dans les ruelles adjacentes, on croise Mustapha, 26 ans, docteur en langue arabe et chômeur, assis sur un muret, masque de protection abaissé. Il tient à la main une simple feuille de papier sur laquelle sont inscrits les trois mots, en arabe et en anglais: «Changement, liberté, égalité sociale». A côté de lui, un vieil homme peint un bout de carton à même le sol: «Dehors Moubarak!» Mustapha l'interpelle: «S'il vous plaît, écrivez que nous resterons dans cette rue jusqu'à ce qu'il parte.» «J'ai 39 ans, il est au gouvernement depuis que j'ai 9 ans, ça suffit !» A 90 ans, Mohamed, lui aussi pris au piège, regarde de loin: «Je veux prendre part aux manifestations, même si c'est la dernière chose que je fais dans ma