Dans sa main, le jeune homme tient une liasse de petits papiers blancs, de la taille de cartes à jouer. Ce sont des procès-verbaux de police. Mardi, les manifestants de la place de la Casbah, haut lieu de la contestation à Tunis, ont enfoncé la porte du poste de police voisin, et saisi des milliers de ces fiches. Ecrites en arabe. Celui-ci concerne une femme médecin interpellée parce qu’elle portait le foulard, traduit le jeune homme. Celui-là c’est un homme interpellé parce qu’il portait la barbe.
On rencontre ce jeune homme, ce vendredi, place de la Kasbah. Dès qu’une conversation démarre entre deux personnes, la foule s’agglutine autour pour écouter et participer. Avec ses PV, le jeune homme a mis la religion sur le tapis, la foule embraye. Si le régime Ben Ali a pourchassé les militants du mouvement Ennahda (parti islamiste modéré), tous les musulmans un peu trop pratiquants étaient harcelés, racontent les gens.
«On n’est pas des extrémistes, on regarde devant vers la démocratie»
Un jeune homme taillé en athlète, et sans barbe, dit qu'il aurait voulu pouvoir aller prier à la mosquée tous les matins. «Mais aller tous les jours à la mosquée était considéré comme un acte terroriste. Ceux qui le faisaient étaient tous fichés par la DST (chargée de la surveillance de la population, ndlr)». Un autre qui porte, lui, un mince collier de barbe, s'est fait traiter d'«islamiste» par la police lorsqu'il est allé demander un passeport.
«On est musulmans. La majorité des Tunisiens sont pratiquants», dit un troisième. Pour autant