Menu
Libération
Interview

«Je ne reconnais plus l’Egypte : les gens n’ont plus peur»

Article réservé aux abonnés
Le romancier Alaa el-Aswany, auteur de «l’Immeuble Yacoubian», s’est mêlé aux manifestants :
publié le 29 janvier 2011 à 0h00

L'Egyptien Alaa el-Aswany est l'auteur du best-seller l'Immeuble Yacoubian. Paru en 2002, ce roman raconte la vie d'un immeuble de la capitale égyptienne, confronté à la corruption du régime et à la pression islamiste. Nous l'avons joint vendredi soir chez lui, au Caire, où, en raison du couvre-feu, il suivait les événements sur Al-Jezira, seule chaîne autorisée. Il témoigne pour Libération, dans un français parfait.

«Une nouvelle Egypte est en train de naître. Le mardi 25 janvier a été le grand jour du changement. J’étais dans la rue et je ne reconnaissais plus l’Egypte qui existait jusqu’alors. La grande nouveauté, c’est que les gens n’ont plus peur. On n’en est plus à 3 000 ou 4 000 personnes dans la rue, ce sont des millions qui déferlent ! C’est le peuple égyptien qui parle. Je pense que le régime de Moubarak vit ses derniers moments.

«Ce qui se passe est très intéressant car même les forces de sécurité n’ont pas réussi à arrêter la révolution. On a vu dans des villes comme Alexandrie des officiers de police quitter leur poste pour aller manifester avec le peuple.

«Maintenant, c’est le rôle de l’armée qui va être déterminant. Les Egyptiens voient toujours l’armée comme une force patriotique, positive. Ce qui est fou, c’est qu’on n’a toujours pas vu le Président alors que la révolution secoue son pays. Depuis avant-hier, on nous dit qu’il va parler mais il n’apparaît toujours pas.

Des gens qui se présentaient comme des penseurs, liés au régime égyptien, n’a