Menu
Libération
REPORTAGE

«L'armée ne tirera pas sur nous, ce sont nos frères»

Article réservé aux abonnés
La place Tahrir, dans le centre du Caire, est le lieu où convergent tous les manifestants.
Sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, des chars de l'armée promènent les manifestants. (Reuters)
publié le 29 janvier 2011 à 16h16
(mis à jour le 29 janvier 2011 à 19h49)

15h55, à cinq minutes du début du couvre-feu, les alentours de la place Tahrir ("Libération" en arabe) grouillent de monde: motos, voitures, piétons, cortèges de manifestants venus d'autres quartiers qu'on voit converger vers l'énorme esplanade noire de monde. Des dizaines de milliers de personnes femmes, petits enfants, mères de familles, jeunes, vieux, continuent de scander des slogans anti-Moubarak, de défiler, de crier, de célébrer les militaires debout sur leurs chars postés à toutes les issues. "La police c'est fini, et l'armée ne tirera pas sur nous, ce sont nos frères et ils sont éduqués. Ils ont une morale, contrairement aux policiers", veut croire Ahmed, 24 ans.

C'est la question qui se pose en cette fin d'après-midi: que fera l'armée alors que le couvre-feu a été déclaré jusqu'à 8h dimanche matin. "Nous restons, c'est notre pays, pas le leur", proclame un tract.

Les manifestants ont investi très progressivement la place à partir de la fin de la nuit de vendredi à samedi. Les policiers en revanche ont déserté l'endroit. Seule la carcasse brûlée d'une de leurs voitures fume encore, mise à feu par les manifestants. On a vu des militaires distribuer un peu de nourritures aux manifestants, porter rapidement des bannières et des pancartes qui leur étaient tendues, avant de les rendre aux protestataires. Grimpés sur leurs chars, certains les ont serré dans leur bras. Beaucoup se prennent en photo devant les blindés, et les soldats sont souriant. Ils protègent notamment les