C'est une vague qui emporte le pouvoir. Ce sont des slogans, des appels, des cris. Les plus entendus : «Le peuple ne veut plus du gouvernement.» Ou un simple «liberté», scandé et repris à l'unisson. C'est une révolution contre une tentative de black-out total, jamais vu (lire ci-contre) ; téléphones mobiles et appels internationaux coupés, Internet totalement inaccessible. Les chars sont dans la rue. La nuit est tombée. La place Talaat Harb, est encore noire de monde malgré le couvre-feu décrété à 18 heures. Des scènes de fraternisation s'esquissent. Des manifestants trônent sur des jeeps militaires. Des témoins assurent avoir vu des policiers commencer à rallier des manifestants. Des policiers ont jeté leurs brassards. Rien ne semble pouvoir arrêter une population bien déterminée à passer la nuit dans la rue. «Afin de pouvoir se réveiller demain sans Moubarak», ose un manifestant.
Les blindés ont pris position. Sur la corniche du Nil et dans plusieurs lieux stratégiques du Caire. La télévision et la radio nationale l’annoncent : l’armée a décrété le couvre-feu. Les Cairotes qui ne sont pas dans la rue se penchent incrédules au balcon des maisons, se vissent devant leur téléviseur, attendant qu’Hosni Moubarak, le président désormais honni, apparaisse sur les écrans. Sur la corniche, le bâtiment blanc qui abrite le siège du PND, le Parti national démocratique du chef de l’Etat, est en feu. Juste à côté, trois blindés ont pris position devant le bâti