En temps normal, 23 millions d’Egyptiens, soit près d’un quart de la population du pays, accèdent plus ou moins régulièrement à Internet d’après les chiffres officiels. Depuis jeudi, le gouvernement de Moubarak a osé faire ce que la Chine ou l’Iran n’ont jamais ne serait-ce que tenté : couper l’accès à Internet d’une nation entière. Du «simple» filtrage de réseaux sociaux, comme Twitter, utilisés par les manifestants, l’Egypte est passé au niveau supérieur, le blocage total de tous les sites. Seuls la Birmanie et le Népal, où le taux d’équipement est incomparable avec l’Egypte, ont déjà franchi un cap similaire.
Une première. Sur son blog, l'entreprise spécialiste en réseaux Renesys évoque la censure du Net imposée à tout poste connecté via les quatre principaux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) du pays, à savoir Link Egypt, Vodafone, Telecom Egypt et Etisalat Misr. Les FAI semblent avoir obtempéré aux exigences du gouvernement, filtrant sans distinction les protocoles nécessaires à la navigation web. Mettre en place un tel filtrage ne nécessite pas d'opération de grande ampleur pour les opérateurs, une simple série de commandes renseignées sur un ordinateur dédié suffisant à «débrancher» tout un pays. «En vingt-quatre heures, on a perdu 97% du trafic internet égyptien», déclarait vendredi à l'AFP Julien Coulon, cofondateur de la société française Cedexis qui régule et oriente à un niveau international les visites d'internautes selon l'état du tr