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Libération
TRIBUNE

De Sfax à Tunis, le cri du peuple

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par Noura Bensaad, Enseignante et écrivaine
publié le 1er février 2011 à 0h00
(mis à jour le 1er février 2011 à 8h16)

Je dédie ce texte à tous les jeunes, morts sacrifiés lors de la révolution tunisienne.

Sous mon pull mon cœur qui bat. Je marche. Au bout de l’avenue, mon amour m’attend. Elle est si belle, elle m’aime et me comprend.

Sous mon pull, mon cœur qui bat. Je la retrouve chaque jour, elle me confie tout de sa vie et moi, je lui parle de notre avenir. J'y crois, je veux y croire même si je sais que les obstacles sont nombreux qui barrent notre route. Comment ferons-nous, trouverons-nous du travail, me demande-t-elle souvent. D'autres sont là, autour de nous, de notre âge ou avec quelques années de plus, qui parlent souvent de la crise, du chômage, de la difficulté surtout d'obtenir un emploi. «Si tu n'as pas les épaules, aucune porte ne s'ouvrira» (1), voilà ce qu'ils disent tous. Et ils racontent leurs amis ou parents qui usent les chaises des cafés en attendant des jours meilleurs ou bien ceux qui, après de longues études, ont dû se résoudre à accepter d'être serveur ou chauffeur de taxi parce que rien d'autre ne s'offre à eux et qui ont rangé leurs diplômes dans un tiroir. Elle se serre contre moi, je caresse ses longs cheveux et je lui murmure : «Ma vie, je serai plus fort que le destin.»

Sous mon pull, mon cœur qui bat. Je marche. Dans la tête, une image fixe, celle d’un homme qui flambe, Bouazizi à Sidi Bouzid transformé en torche vivante pour obliger le monde à regarder horrifié et fasciné, son désespoir mué en un geste d’autodestruction. Tu brûles ou tu te fa