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Libération

Tunisie : des salafistes «contre Ben Laden et le terrorisme»

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La révolution s’est faite sans les «barbus», qui désirent surtout la fin des discriminations.
publié le 1er février 2011 à 0h00
(mis à jour le 1er février 2011 à 7h59)

La prière du vendredi à la mosquée El Fatah de Tunis se termine, les hommes replient leur tapis pour s'en aller, quand une dizaine de jeunes brandissant des pancartes élèvent soudain la voix. «Nous demandons la liberté de pratiquer notre religion, explique l'un d'eux. Je suis bac +9, ingénieur agronome, et je ne trouve pas de travail parce que je porte la barbe. Pourquoi cet interdit ?»«Je suis allé au commissariat demander un passeport. Je porte la barbe. Ils m'ont dit : "tu es salafiste", et ils me l'ont refusé», relate un autre.

Des jeunes femmes, un peu en retrait, les accompagnent. Elles portent le jilbeb, ce grand voile qui recouvre le corps, ne laissant apparaître que le visage. «Nous voulons la liberté pour les hommes de porter la barbe et pour les femmes le niqab», déclarent les garçons. Sous le régime Ben Ali, les signes religieux ostensibles étaient prohibés. «On nous accusait d'être des terroristes alors que nous sommes de simples Tunisiens», affirme l'ingénieur agronome.

En ce vendredi, quatorze jours après la fuite du dictateur, ces jeunes peuvent réclamer la liberté religieuse sans risquer d'être arrêtés. Ils ne se reconnaissent pas dans le salafisme. Ils sont, en revanche, pour la charia : «Bien sûr, on aimerait bien, et il faudra ouvrir ce débat, mais pour le moment, nous ne voulons que notre liberté religieuse.» Politiquement, ils se disent «un peu proches» de Ennahda, parti islamiste tunisien.